Déclaration liminaire du SNUipp-FSU de l’Ardèche

Quel bilan pour cette rentrée ?

A cette rentrée encore, notre département a scolarisé moins d’élèves dans les écoles maternelles et élémentaires que l’an passé : moins 270 d’après le tableau de bord départemental mis à notre disposition.
Derrière ce chiffre, il convient de comprendre ce qui se passe dans notre département. Nous avons analysé toutes les générations d’élèves visibles sur la page 15 du tableau de bord.

Une première conclusion s’impose : pour toutes les générations visibles sur le tableau de bord, les générations de 2007 à 2017, les cohortes d’élèves scolarisées dans les écoles publiques s’accroissent (de +2% à +10%) entre le début de maternelle et fin de l’élémentaire. En général, ces cohortes d’élèves s’établissent entre 2700 et 2900 élèves.

Depuis la génération 2016 cependant, entrée majoritairement à l’école en 2019, les cohortes sont plus faibles du fait notamment de la baisse du nombre de naissances dans notre département. Il s’est contracté de plusieurs centaines à partir de 2016. Nous sommes ainsi passés de plus de 3200 naissances annuelles avant 2016 à environ 2800 actuellement.
Attention, baisse des naissances ne veut pas dire baisse automatique des cohortes. Si 100% d’une cohorte d’enfants nés en Ardèche n’est pas scolarisée dans les écoles, du fait de la mobilité familiale notamment, d’autres facteurs expliquent les pertes.

Tout d’abord, l’instruction en famille, qui continue de croître cette année de plus de 25% tous degrés confondus après une hausse de 44% déjà l’an passé. Ce phénomène, minoritaire il y a 5 ans, s’est multiplié par 6 en peu de temps. Il manque près de 250 élèves dans les écoles publiques ardéchoises, soit 1% des effectifs. Plusieurs éléments pourraient expliquer cette prise de recul par rapport aux services publics : l’instruction obligatoire à partir de 3 ans, la crise du COVID, le lien au collectif, l’image de l’école, le consumérisme individualiste, l’éloignement du service public d’éducation par la fermeture de petites structures au sein de villages peu accessibles…
Il serait pertinent pour la suite d’avoir un tableau détaillé des élèves en instruction en famille avec les âges afin de pouvoir analyser plus finement ce phénomène.

Ensuite, la multiplication d’écoles hors-contrat, qui, au passage, doit nous interroger au plus haut point.

Autre élément : la scolarisation des élèves de moins de trois ans. Si elle semble repartir légèrement à la hausse, nous rappelons qu’à cohorte d’élèves équivalente il y a 5 ans encore, notre département en scolarisait 300 de plus. Depuis l’an passé, le privé, qui ne scolarise pourtant qu’un quart des élèves d’Ardèche, accueille plus d’élèves de moins de trois ans que les écoles publiques qui, elles, scolarisent 75% des petits ardéchois et de petites ardéchoises. Ce n’est pas normal que le service public soit à la traîne sur ce point. Les familles doivent pouvoir scolariser leur enfant dès 2 ans dans les écoles publiques ardéchoises, et les bénéfices d’une scolarisation précoce sont nombreux.
Si l’école publique scolarisait le même taux d’enfants de 2 ans que le privé, ce serait plus de 600 élèves de 2 ans supplémentaires qui devraient être inscrits.
On peut constater et s’alarmer des évolutions d’effectifs qui arrangent bien lorsque les moyens sont constants, mais le devoir des partisans de l’école pour toutes et tous reste d’encourager la scolarisation dès le plus jeune âge partout sur le territoire ardéchois, dans les écoles publiques. La règle qui interdit la comptabilisation des enfants de moins de trois ans en dessous de 600 m et hors REP est responsable de cette situation et elle doit être abandonnée. Cela permettra au service public de disposer des moyens permettant d’assurer pleinement la scolarisation des plus jeunes qui ne sont pas que des chiffres : ils méritent toute l’attention de l’Etat qui, par principe comptable, ignore leur existence au sein de nos écoles.

Dernier élément : la part de l’école privée dans la scolarisation des élèves de notre département s’est accrue l’an passé. Si le privé perd des élèves également à la rentrée, il en perd toutefois proportionnellement moins que le public. Sa part relative de scolarisation grandit donc et ce mouvement est historique dans notre département, car jusqu’à présent c’est le public qui restait majoritairement le choix des familles.

Des chiffres variables

Le nombre d’Elèves par Classe (E/C), c’est le chiffre qui intéresse le plus les collègues et les parents d’élèves car cela impacte directement les apprentissages. Le tableau de bord affiche un E/C plus favorable dans le public que dans le privé, mais une analyse plus fine est nécessaire.

Tout d’abord, on peut voir sur le graphique de la page 13 que le nombre d’élèves par classe dans le public ne cesse de diminuer. On se demande juste quel logiciel informatique est capable d’afficher sans une intervention humaine une courbe descendante entre la rentrée 2017 et 2018 avec un E/C qui augmente, ou comment deux valeurs identiques (rentrée 2017 et rentrée 2019 à 22.28) peuvent se situer à deux hauteurs différentes.

Ensuite, pour calculer le E/C, nous notons que dans le public le calcul s’effectue en divisant le nombre d’élèves scolarisés dans le public auquel vous retirez les 218 élèves bénéficiant du dispositif ULIS école, pourtant ils sont bien inscrits dans des listes de classe et la loi précise bien qu’ils doivent compter dans les effectifs. Nous avions déjà fait la demande lors du CDEN de rentrée l’année dernière de comptabiliser ces élèves en situations de handicap. Nous déplorons cette non prise en compte de ces élèves dans le calcul du nombre d’élèves par classe dans les écoles publiques surtout lorsque nous nous apercevons que pour le privé, le mode de calcul change puisque cette fois ci les élèves en ULIS école sont comptabilisés.

Peut-être que cela s’explique par le fait que sans cette différence de mode de calcul, ce tableau de bord afficherait une moyenne d’élèves par classe plus favorable dans le privé que dans le public contrairement à ce qui est affiché.

Si on veut que cet indicateur soit plus près de la réalité du terrain, ce ne sont pas les élèves en situation de handicap qu’il faut retirer mais les élèves qui bénéficient de classes dédoublées car cela fait baisser la moyenne générale et dissimule l’augmentation d’effectif dans les autres niveaux.

Les fonds publics orientés vers le privé

Il faut dire que la Loi Blanquer pour une école de la confiance aide bien l’école privée en rendant obligatoire la scolarisation des enfants à trois ans et donc le financement des écoles maternelles privées par les communes. Cette mesure n’a pas, comme promis, changé la réalité des enfants non scolarisés à Mayotte, en Guyane ou même en métropole. C’était pourtant l’argument de vente.
Par contre, pour la troisième année consécutive, en 2022, ce seront 100 millions qui seront crédités pour la prise en charge des maternelles du privé. Globalement, l’enseignement privé connaîtra en 2022 une hausse des versements de l’Etat de 3%, passant de 7,7 à 8 milliards malgré la suppression de 159 postes. En face, le public aura une progression moins importante et un solde d’emplois premier-second degré nul.
Le ministre va encore plus loin encore dans le détournement des fonds publics puisqu’il a pris l’initiative de faire bénéficier plusieurs établissements catholiques des fonds dédiés à l’éducation prioritaire grâce à la nouvelle politique de contrats locaux qu’il a lancés. Ce tour de passe passe lui permet de donner des fonds à des établissements privés qui n’ont pas la composition sociale permettant normalement d’y prétendre.
C’est à la lecture de ces quelques éléments budgétaires que l’on saisit où se place la vraie priorité du gouvernement : dans l’école du tri social, pas dans celle de l’école pour toutes et tous.
Le SNUipp et la FSU dénoncent avec force cette politique de siphonnage des moyens du public vers le privé.

La laïcité instrumentalisée

Nouveau cheval de bataille du ministre : la laïcité, qui est instrumentalisée à tout va. Nous prenons ici le ministre au mot qui a déclaré qu’il faut : "Transmettre les valeurs de la République" ou "quitter l’enseignement". Qu’attend-t-il pour partir ?
Parce que la conception de laïcité portée par la loi de 1905 n’est absolument pas celle qu’il tente de véhiculer à travers sa campagne d’affiche ou ses formations. De quoi parle-t-on ?
Avez-vous vu, chers membres du CDEN, les affiches proposées par le ministère aux établissements scolaires ? Un exemple.
“Permettre à Sacha et Neissa d’être dans le même bain, c’est ça la laïcité”. Au-dessus de ce message, un petit garçon blond et une petite fille métisse pataugent dans une piscine.
En premier lieu, cette affiche, comme les autres, fait fausse route en réduisant les enfants à leur appartenance religieuse qui serait implicitement devinée par leurs prénoms et/ou couleurs de peau.
Ensuite, les fondements de la laïcité « la liberté de conscience et sa manifestation dans les limites de l’ordre public, la neutralité de l’État (découlant de la séparation) et l’égalité de toutes et tous devant la loi sans distinction de religion ou conviction » n’y sont à aucun moment évoqués. Ce qui est désigné, ce sont les adversaires et les idées ennemies. C’est la laïcité de l’exclusion.
En façade, les situations présentées sur les affiches et les slogans qui les accompagnent se veulent généreuses, tolérantes, pétries de bonnes intentions. Mais elles révèlent une bien funeste interprétation d’un des piliers de notre République ! En mettant en scène des élèves riant des mêmes histoires, nageant dans le même bassin, portant le même dossard…, malgré leurs différences de couleurs, ou leurs prénoms stéréotypés, il laisse supposer que la défense de la laïcité ne se pose que pour les enfants issus de l’immigration qui ne comprendraient pas ce qu’est la laïcité car ils ne seraient pas intégrés. C’est ce message fielleux qui est mis en avant. La laïcité, ce n’est pas ça.
D’ailleurs, qu’a fait le ministre Blanquer dans les départements où la loi de 1905, base de la laïcité, n’est toujours pas appliquée ? Rien. Cela confirme que la conception ministérielle de la laïcité est parfaitement compatible avec la défense du catholicisme. Si le ministre persiste à ne pas transmettre les valeurs de la République, nous allons devoir lui demander de quitter “l’enseignement” !

La carte scolaire 2022 a démarré

Dernier point de notre intervention : la carte scolaire 2022 a déjà démarré. Si l’on en croit toutes les discussions menées dans plusieurs communes de notre département, la chasse aux postes et à la concentration des structures est en route. Pour le SNUipp-FSU, les écoles sont des entités uniques qui ne peuvent être groupées artificiellement pour une étude en carte scolaire à l’échelle d’un quartier ou d’une commune. Derrière les chiffres se cachent des réalités et complexités concrètes de répartition de classes, de lieu d’habitation des familles, de fonctionnement particuliers qui ne peuvent être balayés d’un revers de main comptable. En quatre ans, 2,5 % des écoles ont disparu des radars au plan national. Ce mouvement de concentration des structures, dont le rythme est imprimé d’en haut, inquiète et impacte le tissu scolaire. Nous rappelons que les mairies ont toute autorité dans la décision de fermeture ou de fusion d’école.
Plus largement, nous rappelons que la carte scolaire est aussi un marqueur fort de la politique éducative menée dans notre département. A ce titre, pour la xème fois, nous soulignons que notre département, comme 5 autres, souffre d’un mal chronique : il n’a plus d’enseignants rééducateurs et pas assez de personnels spécialisés dans le traitement de la difficulté scolaire. Un tiers des écoles sont dépourvues d’interventions de ces derniers maîtres spécialisés. A l’heure où les problèmes de comportement s’accroissent, où la difficulté scolaire se maintient et la formation des enseignants se sclérose, il est temps d’ouvrir des postes permettant aux élèves ardéchois de mieux réussir : des postes d’enseignants en RASED.

Déclaration liminaire du SNUipp-FSU de l’Ardèche lors du CDEN de rentrée 2021

Bilan de rentrée dans les écoles et les collèges publics de l’Ardèche par de DASEN

Aucune réponse n’a été donnée suite à la déclaration liminaire du SNUipp-FSU.

Le DASEN a présenté successivement :

Les priorités départementales :

– La sécurité face à la crise sanitaire
– Les fondamentaux /la lecture, grande cause nationale : la petite librairie.
– Favoriser l’école inclusive
– Développer l’usage du numérique à l’école
– Dispositif ER2A et Cap A2 : promouvoir l’apprentissage des langues
– Devoirs faits
– Les internats d’excellence

Les mesures de carte scolaire prises en septembre :

Retraits de poste :
– EMPU Davézieux,
– EEPU Vernoux-en-Vivarais,
– EPPU Coux Masneuf,
– EPPU Coux Village,
– EPPU Lagorce
– EPPU Saint Cierge la Serre (retrait du dispositif co-enseignement).

Implantations de poste :
– EEPU Chomérac,
– EEPU Cornas,
– EEPU Saint Péray Les Brémondières,
– EPPU Saint Clair,
– EPPU Saint Cyr.

Un rappel chiffré de l’encadrement dans le premier degré :

– 287 écoles
– 997 classes
– 21702 élèves (dont 218 en ULIS)
– E/C avec ULIS : 21.76 (22 l’année précédente)
– E/C hors ULIS : 21.55 (21.77 l’année précédente)
– E/C en EP hors ULIS : 16.35 (17.11 l’année précédente)
– Contingent de remplacement : 9% (9% l’année précédente)
– Co enseignement : 14 dispositifs (367 élèves concernés)
– ULIS écoles : 20 (208 élèves concernés)
– UEM autisme : 2 (10 élèves concernés)

Le SNUipp-FSU est intervenu pour comprendre pourquoi le tableau de bord départemental affiche 285 écoles au lieu des 287 annoncées. Le DASEN a répondu que cela correspond aux 2 écoles dans lesquelles il a acté la fermeture de la dernière classe sans fermeture d’école. Il y a donc 2 écoles sans classe en Ardèche.

Dispositif 100% réussite GS-CP-CE1 :

– 9 écoles (Prim Annonay Cordeliers, EE Annonay Fontchevalier, EE Annonay Jean-Moulin, EE Annonay Malleval, EE Bourg-Saint-Andéol-Nord, MAT Bourg-Saint-Andéol Nord MAT Annonay Ripaille, MAT Annonay Cance, MAT Annonay Fontchevalier)
– 359 élèves concernés (105GS - 134CP - 120CE1)
– 32 enseignants (5 classes de GS - 10 classes de CP - 7 classes de CE1 - 10 classes à double niveaux)
– E/C : 11.21

Suite à notre déclaration liminaire, le SNUipp-FSU de l’Ardèche est intervenu pour rappeler qu’il était pertinent de calculer le E/C avec l’ASH puisque ces élèves sont inscrits dans les classes mais hors dispositif 100% réussite qui fausse la moyenne pour comparer le taux d’encadrement du public et du privé. Ainsi nous obtenons une E/C de 22.117 dans le public contre 21.672 dans le privé alors que le tableau de bord départemental affiche un E/C plus favorable dans le public que dans le privé.

Le SNUipp-FSU de l’Ardèche a demandé que le tableau de bord départemental soit corrigé. L’administration a accepté. Quelques jours plus tard une version définitive nous a été communiquée mais les modifications demandées par le SNUipp-FSU de l’Ardèche n’ont pas été apportées.

Tableau de bord 2021-2022

R2021 CDEN du 21 octobre 2021

R2021 CDEN du 21 octobre 2021